Résidence artistique Oratio 2020-2021

colored faces design by geralt / Gerd Altmann / pixabay

La Transplanisphère engage un partenariat inédit du Lycée à la Maternelle dans la ville du Raincy (93). Ce partenariat associe la compagnie à la maternelle Les Fougères, l’élémentaire Les Fougères, le collège Corot et le Lycée Schweitzer. La résidence a pour objectif de questionner le dialogue interculturel par la création artistique (écriture, théâtre, chorégraphie). Artistes, enseignant.e.s, et surtout élèves de 5 à 17 ans seront amené.e.s à s’interroger sur ce qui les caractérise en tant qu’individus, leurs racines, leur environnement social interculturel pour ensuite imaginer “comment faire commun”, puis le représenter. 
La résidence met en place des ateliers sur le temps scolaire dans les 4 établissements associés, reliés par des actions passerelles. Chaque atelier aboutira à une production représentée ensuite lors de la Semaine des Arts, Festival inter-établissements de la Ville. Le travail s’inscrit dans le cadre d’une démarche plus large de la compagnie qui vise la création d’un spectacle professionnel en 2021-2022 sur l’enjeu du dialogue interculturel sur le territoire européen.

De la construction de l’individu à celle de la société

La Transplanisphère travaille depuis plusieurs années sur les enjeux liés au dialogue entre les cultures. La compagnie transpose ces questionnements sur scène sous forme de pièces de théâtre en travaillant avec des artistes originaires du monde entier. Elle mène également des actions avec les publics au niveau européen, en coopération avec d’autres compagnies artistiques. Enfin, elle développe un travail d’ateliers avec des jeunes européen.ne.s de tous âges pour leur permettre d’exprimer leur créativité sur ces questions, au travers d’expériences théâtrales.

Au sein de cette résidence, artistes et enseignant.e.s ont imaginé ensemble de questionner le dialogue interculturel dans un contexte post confinement et de crise sur les discriminations racistes, qui a impacté significativement la perception du monde pour la jeunesse en 2020. Les élèves participants à la résidence s’interrogeront sur ce qui les caractérise en tant qu’individus, leurs racines, leur environnement social interculturel. Il.elle.s questionneront leur relation à l’Autre proche (camarades, communauté locale) ainsi qu’à l’Autre plus “lointain” (migrant.e.s récent.e.s, européen.ne.s, citoyen.ne.s du monde). La question de “comment faire commun” leur sera posée, pour tenter de se projeter dans l’avenir en imaginant ensemble de quoi il sera fait.

L’objectif est de mobiliser les regards croisés des élèves et des différents acteurs du projet, professeur.e.s, artistes et intervenant.e.s. Il s’agira de permettre à chacun.e d’éprouver le rôle de la fiction et du théâtre pour s’emparer d’enjeux de société qui sont si difficiles à appréhender aujourd’hui dans le débat public, et qui provoquent peur de l’Autre, inquiétude sur l’avenir, ou défiance vis à vis du projet de société.

Un second objectif de la résidence sera d’apprendre aux élèves comment conduire une expérience de création artistique, de l’inspiration à la représentation. Il.elle.s vont ainsi vivre les phases d’écriture, de conception, de mise en scène et de jeu. Il.elle.s disposeront d’une expérience d’un travail de création en commun susceptible de leur donner davantage confiance dans la société dans laquelle il.elle.s s’inscrivent.

Une relation forte bâtie sur plusieurs années

La Transplanisphère et le lycée Albert Schweitzer se sont rapprochés en 2017, à l’initiative de la compagnie. Ce partenariat faisait suite à des actions dans de nombreux établissements scolaires des Académies de Versailles puis Paris (résidences précédentes : Nanterre-Amandiers, Théâtre Aquarium, Carreau du Temple). Dès 2017, elle a proposé au lycée Schweitzer des ateliers théâtre avec 3 classes du lycée et des volontaires. Elle est aussi intervenue au collège Corot voisin.

En 2018, soutenus par la Ville, le lycée et la compagnie ont monté un festival inter établissement “la Semaine des Arts”, devenu événement annuel. En 2018-2019, la compagnie s’est implantée en résidence au lycée, avec l’aide de la DRAC et de la Région. Le projet “Le sas>Schweitzer, science-art-société” proposait d’intégrer la science et l’art comme outils d’expérimentation et de compréhension du monde. Un premier projet européen a été proposé à 10 élèves volontaires (atelier à Dortmund, théâtre de la ville KJT). La compagnie a aussi mené un premier projet CAC au Collège Corot. Avec Erasmus+ et le Conservatoire d’Irlande, elle a associé l’école élémentaire des Fougères du Raincy au projet Grow from Seeds (méthodologie d’atelier artistique interculturel).

En 2019, la compagnie a créé un grand spectacle pour les 150 ans du Raincy impliquant 250 participant.e.s. Parmi eux.elles, des élèves des 4 établissements étaient invité.e.s à jouer une fresque historique devant 1200 spectateur.rice.s, et à écrire le dernier tableau sur l’avenir de la ville. La même année, un nouveau projet européen a engagé 15 élèves de Schweitzer : europefiction (workshops au Raincy et en Allemagne).

En 2019-2020, la compagnie a proposé au lycée Schweitzer un atelier “Grand Oral” pour les élèves volontaires du lycée, lié à la réforme du Baccalauréat. En parallèle, la Transplanisphère a continué d’intervenir au collège Corot avec 2 projets CAC.

La résidence de cette année s’inscrit dans la continuité des actions qui ont été menées auprès des différents établissements durant ces 3 dernières années. Elle va créer une transversalité et une interaction inédite entre l’ensemble des établissements du Raincy.

Un processus créatif en dialogue entre artistes-élèves-enseignant.e.s : inspiration, réflexion, expérimentation, restitution.

La résidence s’inscrit dans le contexte de la nouvelle création de la compagnie, s’articulant autour d’une collaboration entre Bruno Freyssinet (concepteur et metteur en scène) et Smaïl Kanouté (chorégraphe et graphiste). Les deux artistes ont déjà travaillé ensemble sur Les Actes du Désert, une pièce inspirée du parcours du père de Smaïl Kanouté du Mali à l’Europe.

La nouvelle pièce abordera de façon documentaire, théâtrale et chorégraphique une vision des habitant.e.s du territoire européen (“natif.ve.s” et migrant.e.s) sur leur avenir commun en construction. Elle sera conçue en collaboration avec des artistes des compagnies européennes avec lesquelles la Transplanisphère travaille en coopération sur différents projets en cours. Les élèves et les enseignant.e.s des différents établissements seront confronté.e.s aux mêmes questions que celles que se posent Bruno Freyssinet et Smaïl Kanouté pour l’élaboration de leur spectacle. Tou.te.s ensemble, il.elle.s seront amené.e.s à imaginer et représenter leurs visions sur cet avenir commun qui pourra être traité de façon réaliste (anticipation) ou plus radicale (utopie/dystopie). L’association des deux artistes sur ce projet encouragera une approche interculturelle et interdisciplinaire (verbe et mouvement). Noémie Laurens Besace (comédienne et collaboratrice de la compagnie), ainsi que Valentin Ouanna (pédagogue et graphiste) contribueront au projet.

Des rencontres entre les élèves des différents niveaux leur permettront d’échanger sur les travaux en cours. Les artistes élaboreront également une articulation des différentes propositions de sorte de permettre aux élèves de collaborer au delà de leur classe.

3 axes thématiques vont être abordés durant la résidence par les élèves et les enseignant.e.s :

– un axe questionnant le récit de l’histoire personnelle et l’écoute de l’histoire de l’Autre pour la création d’un récit commun. A travers un travail d’écriture (texte, mouvement) et de mise en jeu, les élèves réfléchiront à leur histoire personnelle, en relation à leur famille, leur environnement social et au monde dans lequel il.elle.s grandissent. Il.elle.s vont aussi prendre conscience du récit des Autres, avec leurs points communs et leurs différences. Il.elle.s pourront alors élaborer un récit commun de fiction inspiré à la fois de leur bagage et de leur inspiration. Il s’agit de permettre aux élèves de s’ouvrir au monde et à la culture, en travaillant sur leur histoire personnelle inscrite dans l’histoire (à écrire) de leur société.

– un second axe abordera la mondialisation et son impact sur la construction de soi, au travers d’un travail sur les codes d’apparence, et notamment codes de langage, codes vestimentaires, codes d’expression publique (attitude, langage du corps…). Comment ces dimensions peuvent devenir un symbole identitaire, un signe de reconnaissance entre groupes et une affirmation de soi ? Comment les influences du monde (américaines, asiatiques, africaines…) jouent un rôle dans l’image que chacun.e voudrait se forger de soi-même ? Quelle influence sur la société en construction ? Et quelle place pour l’idée d’Europe dans ce tableau ?

– un troisième axe explorera l’influence de l’enchaînement des crises les plus récentes (gilets jaunes, grèves, confinement, manifestations antiracistes) sur l’état de la société dans laquelle les élèves vont grandir et prendre leur place d’adulte. Comment ces crises peuvent-elles les inspirer/déstabiliser/révolter ?

Rendez-vous au printemps 2021 pour la présentation des travaux de création à l’occasion de la Semaine des Arts !

La résidence Oratio est soutenue par
Le Ministère de la Culture – Drac Ile de France, résidence territoriale d’artiste
et par le dispositif CAC de Seine Saint Denis

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