Atelier sur l’inclusion queer : Éduquer et inspirer les élèves du lycée Schweitzer
Dans les semaines du 17 et 24 juin, La Transplanisphère a organisé un stage en groupe pour des élèves du lycée Albert Schweitzer. Ielles ont eu l’occasion d’avoir un aperçu de notre travail à travers des Workshops abordant plusieurs thèmes comme la crise climatique et des pistes de solutions ou la notion de la collaboration. Notre stagiaire Finn Zappel a pu apporté du ses connaissances sur la question queer dans un Workshop. Jetons un coup d’œil au contenu.
‘Queer’ ça veut dire quoi ?
Un parti de la société détourne les yeux sur ce mot et le range dans ce qu’on appelle parfois « Wokisme » – un mot assez flou, créé par les mouvements politiquement de droits et d’extrême-droits pour désigner le discours de gauche. Il évite plus de précision pour ne pas devoir se confronter avec les questions de ce discours et pour les stigmatiser comme une bizarrerie de gauche détachée de la réalité.
Le mot ‘queer’ est également assez flou. Mais dans ce cas il ne s’agit pas de stigmatiser un discours, mais bien au contraire pour le garder ouvert à de nouveaux points de vue. Pour cette raison, le discours sur le thème queer est volontairement très dynamique. La compréhension du mot queer est variée. Cela implique à chaque fois une actualisation de sa signification ce qui empêche d’avoir une définition stricte. En général, il désigne des identités de sexualité et de genres. Parfois, il exclut certaines identités. C’est souvent le cas pour les personnes s’identifiant comme hétérosexuels. Pour notre stagiaire Finn, ce mot se caractérise fondamentalement par l’inclusion. Dans le sens que ce mot englobe toutes les identités de sexualité et de genre refusant une exclusion d’un certain groupe.
Partant de ce postulat, la complexité des questions queers paraît plus accessible. Il est déjà assez difficile de dresser une liste contenant toutes les identités de sexualité et de genre. C’est la raison pour laquelle le mot ‘LGBT’ est plusieurs fois prolongé à ‘LGBTQIA+’ dont le ‘+’ marque encore l’absence de certaines notions. Voici certaines de ces notions pour donner une idée:
– Homosexualité
Comprends les personnes qui se sentent attirées par des personnes du même genre.
– Asexualité
Comprends les personnes qui ne se sentent pas sexuellement attirées par d’autres personnes, mais qui peuvent avoir d’autres formes d’attirances. Cette forme varie pour chaque personne.
– Bisexualité
Comprends les personnes qui se sentent attirées par des personnes de l’autre et du même genre.
– Trans
Comprend les personnes auxquelles la société a attribué pendant la naissance un faux genre, ainsi que cette personne doit retrouver son vrai genre.
Une liste plus complète a été publié par le gouvernement de Canada et s’appelle « Lexique sur la diversité sexuelle et de genre ».
Pour permettre aux élèves du Workshop de s’orienter avec ces termes, nous avons utilisé l’outil pédagogique ‘Gender Bread’. Il permet de distinguer entre les orientations sexuelles et les identités du genre et à comprendre le rapport entre eux.
Mais le Gender Bread trouve sa limite dans le fait qu’il s’organise autour du système binaire, c’est-à-dire autour des deux pôles de féminité et
masculinité. Les recherches scientifiques, comme celle de Judith Buttler, montrent que le système binaire est une construction sociale et même biologique. Aucune caractéristique n’existe pour attribuer absolument un des deux genres. Par exemple, l’hormone œstrogène est couramment considérée comme féminine, bien qu’elle soit produite par tous les corps. Des personnes intersexuées démontrent clairement les limites d’un système binaire. Il s’agit des personnes dont la biologie échoue à attribuer proprement un genre masculin ou féminin. Par exemple, une personnes peut avoir un ensemble de chromosomes considéré comme féminin, mais avoir un corps considéré comme masculin. La raison pour ces phénomènes est la complexité de la création biologique de genre.
De ce constat découle qu’il y a beaucoup plus de genres que deux. Une des thèses affirme même qu’il existe autant de genres tant qu’il existe de personnes. La manière dont la société veut organiser ces genres individuels est alors une question ouverte. Le système binaire se présente comme une possibilité d’organisation parmi nombres d’autres. Les personnes non-binaires revendiquent la liberté d’aller au-delà de ce système.
Elles refusent de s’attribuer un genre masculin ou féminin et revendiquent une autre détermination qui peut varier de personne à personne.
La contestation du système binaire est une autre dimension du mot queer. Il veut mettre en question les normes et les systèmes existants. Ensuite, il pose la question de comment nous voulons organiser nos individualités. La société peut dépasser son système binaire dans lequel elle range rigoureusement les individus dans deux catégories. Cela vaut aussi pour l’hétéronormativité qui revendique exclusivement l’amour entre l’homme et la femme. Parfois ces attentes ne correspondent pas à l’identité d’une personnes ce qui pose une série de problèmes à la personne concernée. Ce n’est pas parce qu’elle est étrange ou malade, mais c’est parce qu’elle est confrontée à des fausses attentes.
L’identité d’une personne ne peut pas être changée. Les thérapies de conversion ou d’autres tentatives cachées derrière le terme ‘soin médical’, n’ont aucun effet scientifiquement évident. Mais la société peut changer ses attentes pour inclure toutes les personnes.
L’approche queer se confronte avec l’individualité des personnes et évite de ranger les personnes dans un certain système lié à une série d’attentes. Il ne s’agit pas d’une interdiction de s’identifier comme homme ou une femme et d’aimer l’autre genre. Mais il s’agit d’ouvrir la porte à une réflexion consciente sur son identité. C’est un déplacement de l’identification passive à travers les autres à l’identification active à travers soi-même. Ainsi, cette approche contribue à l’épanouissement personnel qui enrichit le monde.
Avec l’approche queer, la société peut construire un espace incluant toutes les personnes dans leur individualité. Elle peut devenir un espace de respect et d’inclusion où tout le monde peut développer sa personnalité. Elle peut devenir un espace chaleureux et coloré, miroir de l’expression de notre diversité. Enfin, l’approche queer est une tentative d’un nouveau monde dynamique.