europefiction 2.0 – L’Europe virtuelle à portée de main

Inviter 150 jeunes à imaginer l’Europe de demain par la création artistique, voilà l’ambition d’europefiction

 

– Témoignage de Quentin Pihou, participant au projet (Terminale Lycée Schweitzer puis Étudiant à Sciences Po Lille) –

 

Gelsenkirchen, Allemagne. Je me souviens des premières tentes qui se montent sous le soleil de juillet 2019. Des quatre coins de l’Europe, 150 jeunes rejoignent le camp europefiction pour sa toute première édition européenne. Depuis la Hongrie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Italie, l’Allemagne et la France, nous avons en commun le goût pour l’art et le théâtre ainsi que le désir d’une Europe pérenne.


– Camp europefiction 2019 –

Le premier “europefiction camp” est un franc succès qui nous laisse des souvenirs inoubliables. Mais la tourmente du coronavirus s’abat sur l’Europe en 2020. Différents scénarios sont imaginés par les théâtres organisateurs pour s’adapter au virus. Ils finissent par se résoudre à l’annulation de l’événement en présentiel. La déception est grande pour eux comme pour nous, participant.e.s. Toutefois, l’idée d’une autre proposition se dessine. Nous ne pouvons pas nous rassembler ? Qu’à cela ne tienne !  Essayons d’être ensemble sans être ensemble !


– Camp europefiction 2019 –

Je me remémore l’année passée. L’Allemagne, le soleil de juillet, le village européen et le vivre-ensemble qui s’échafaude, chaque groupe apportant sa propre brique au projet commun. Ce concept doit rester au coeur de l’expérience europefiction. Un des partenaires du projet propose ToToGo, une application smartphone, encore en phase de test, développée par le studio berlinois Nebelflucht GmbH qui crée des app éducatives. Les concepteurs de l’application sont intéressés par europefiction pour tester avec nous un projet européen multi sites. 

La perspective d’une rencontre à la fois matérielle et virtuelle émerge. Le principe est innovant, il s’agit pour nous de co-écrire avec tou.te.s les participant.e.s une histoire, des missions, des défis, des jeux dans les villes de chaque partenaire. Chacun.e va contribuer à la conception d’une sorte de jeu de piste, de chasse au trésor artistique et collaborative. L’application va nous permettre de créer ensemble une journée immersive qui se déroulera simultanément chez chaque partenaire.  


– La mission « Back to the future » sur l’application ToToGo –

Le succès dépend de l’implication de chacun.e. Et le pari est réussi ! Le 8 août 2020, de Bochum à Rotterdam, de Dortmund à Paris-Le Raincy, de Hesse à Bologne, de Hamm à Gelsenkirchen, des dizaines de jeunes européen.ne.s vont expérimenter un parcours commun. Nous jouons et créons en simultané malgré la distance. Cet exemple de coopération européenne nous montre que les frontières “coronavirussées” ne démobilisent pas la nouvelle génération, toujours plus désireuse de rencontres, de découvertes et d’interculturalité.

Pour notre groupe de la Transplanisphère / Lycée Schweitzer au Raincy, la journée commence par un rassemblement général au square Maunoury, derrière la Mairie. A midi, notre groupe rejoint tou.te.s les autres participant.e.s dans une “salle Zoom” euphorique où je retrouve le frisson du camp de l’année passée.


– Retrouvailles des participant.e.s europefiction sur Zoom –

Retrouvailles ! Après un an, beaucoup de nouveaux visages mais au moins autant que l’on reconnaît. Première expérience en ligne ensemble, un “échauffement”. L’idée est d’abord déconcertante mais nous y participons sous l’œil étonné des passant.e.s. L’esprit europefiction refait surface, le soucis du regard de l’autre disparaît, remplacé par une bienveillante acceptation. Puis vient un mot solennel de Manuel Moser et d’Inga Sponheuer, les coordinateur.rice.s du projet. Pour moi, ce moment fait écho avec émotion à celui de l’été précédent. Nous découvrons notre mission “back to the future” : des ami.e.s qui vivent dans l’Europe de 2060 nous demandent d’agir aujourd’hui pour influencer leur vie. Il.elle.s nous demandent de nous assurer que le “chapitre 2020” de l’Histoire européenne, soit les jours que nous vivons en ce moment même, s’inscrive dans la bonne direction pour éviter de dramatiques répercussions à l’heure du “chapitre 2060”. Un scénario digne d’un film de science fiction !


– Aventure ToToGo dans la ville du Raincy –

Nous arpentons les rues du Raincy, son parc et ses allées pavillonnaires à la recherche de matière pour nourrir notre réflexion et nos propositions artistiques. Que révèle la crise du Covid-19 sur nos sociétés ? Faut-il s’engager sur la voie de la solidarité ou de l’ascétisme ? Quelle place encore pour le luxe et le fastueux dans un monde où les nécessités sont de moins en moins évidentes ? Nous laissons une trace de notre passage, une lettre destinée à qui voudra près du monument aux morts de la ville, des dessins évaporés dans le square de la mairie, des photos portraits Place des fêtes, nous méditons au calme du jardin de la bibliothèque. Nos travaux sont publiés sur ToToGo. Nous regardons les propositions réalisées par les autres participant.e.es à Dortmund, Rotterdam, Bochum… Notre parcours nous amène dans des lieux symboliques qui incarnent autant l’avenir que le passé : la Biocoop du Raincy d’un côté et son cimetière de l’autre.


– Proposition artistique de Quentin –

Au final, nous nous retrouvons tou.te.s en ligne derrière nos écrans et aussi étrangement que cela puisse paraître, quelque chose de l’atmosphère festive du camp 2019 se retrouve le temps d’un soir de l’été 2020. Il y a de la musique, des sourires, on danse même au son de la même musique via Zoom le plus naturellement possible. L’ambiance est surprenante mais nous nous prenons vite au jeu et le frisson grisant de la fête s’ajoute à celui de la nostalgie.

Ce jour-là, au Raincy, nous étions un petit groupe, nous parlions la même langue et nous faisions partie de la même Europe. Pour autant, nous savons que nous n’étions pas seul.e.s et qu’un peu partout d’autres jeunes vivaient exactement la même expérience. Comment concevoir une métaphore plus parlante pour décrire l’Europe que nous souhaitons, un espace où tou.te.s peuvent trouver du commun malgré l’éloignement, les différences et les tensions ? Une Europe interculturelle où le vivre-ensemble transcende les populations et rassemble les diversités autour d’actions innovantes. Cette initiative apporte un espoir pour l’Europe, celui de la voir écrire un jour son “Chapitre 2060”.


– Groupe de participant.e.s de La Transplanisphère/France –

 

 

 

Les théâtres associés

Junges Schauspielhaus | Bochum – Theater Rotterdam

Consol Theater | Gelsenkirchen – 20 Stories High| Liverpool

Theater Kohlenpott | Herne – La Baracca | Bologna

Helios Theater | Hamm – Kolibri Theater |  Budapest 

Kinder- und Jugendtheater | Dortmund  La Transplanisphère | Paris  

 

Les soutiens

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